de la libre concurrence aux USA, ou la CPP s'arrête où le marché captif commence...
"Un grand moment de motion"
De particulier à particulier
Todo sobre mi madre.... y mi padre.
La semaine dernière, mon papa et ma maman ils sont venus me voir à Boston. Mon papa et ma maman ils ont bien aimé Boston, mais ils ont dit que c'était une ville de province comparé à New York. Et ma maman, bah comme elle avait très peur que je soiye encore malade, bah elle m'a ramenené tout plein de médicaments. C'est bien un papa, c'est rigolo, ça fait des blagues, ça crie parfois, mais une maman, c'est pas pareil. Ma maman quand elle a vu mon placard avec que de la purée et des pâtes, elle a eu très très peur. Alors ma maman elle m'a acheté du saucisson, et une brioche et du camembert "président". Ma maman elle a fait les gros yeux parce que je voulais pas mettre ma doudoune et que je montrais mon ventre avec mon pantalon taille basse. Ma maman elle m'appelait "ma chatoune" devant toutes mes copines. Trop la honte. Fin bon, la maman de CamiLe elle l'appelle bien "ma poussinette". Et puis la maman de Marco, bah elle l'appelle TOUS LES JOURS. Et en plus il dit que ses copains, c'est PIRE.
Ma maman elle aime bien tout organiser. Même quand elle dit que c'est moi qui organise parce que c'est moi qui parle anglais. Ma maman elle est documentaliste, alors les livres, elle connaît. Ma maman quand elle est venue à Boston, bah elle avait déjà lu TOUS les guides AVANT : le Routard pour les restos, le Guide Vert pour les visites, le Hachette pour les plans quartier par quartier et les anecdotes... Ma maman elle avait peur de me laisser reprendre le bus toute seule à Chinatown.
Un papa c'est pas pareil. Mon papa il parle pas DU TOUT anglais et mon papa il aime pas trop trop les Américains. Il dit qu'ils sont des impérialistes qui machent des chewing gums et que lui il aime pas les ruminants. Mais mon papa il est courageux alors une fois il a mangé un hamburger avec des frites, pour montrer qu'il est ouvert d'esprit. Et il a même dit que c'était bon.
En fait, même si je fais un peu ma belle, le dites à personne, mais ils me manquent un peu mes ptits parents....
L'American Dream est un piège à cons
Bien longtemps que je n'écris plus rien du tout, plusieurs raisons : d'abord technique, puisque j'ai trouvé intéressant de tester la résistance sur plaque de verglas commune un matin d'exposé de mon tout-nouveau-tout-beau MacBook (résultat très décevant), et puis ensuite parce que ben, le deuxième semestre, faut pas raconter de bobards, c'est beaucoup moins groovy. T'es plus là à t'émerveiller sur la machine à smoothies et au contraire tu commences à regretter à mort plein de détails insignifiants de ta vie en France (le fromage, la crème brûlée, la vie des petits quartiers parisiens, les soirées en terasse à discuter en sirotant des cocktails, des villes qui ressemblent à quelque chose, l'odeur des boulangeries, les guignols à la télé, le bruit des cigales les après-midi d'été, quand ta mère a fait une tarte aux fraises, ton frère qui arrive déguisé en soldat de la seconde guerre mondiale et qui t'explique son plan d'invasion de la cuisine par la porte ouest...).
On ne parlera pas de déception, ni de désillusion, mais de la sensation d'avoir largement profité d'un pays magnifique et impressionnant, mais où je ne me verrais pas vivre. Incompatibilité de caractère on dira. Le modèle américain, c'est bien, à condition d'évoluer dans un monde à la Sex & the City, un monde avec du fric et de la reconnaissance sociale. Alors là, oui, t'en profites. Mais le reste du temps, il n'est pas rare de voir des personnes plus qu'âgées porter vos courses au supermarché ou d'autres cumuler plusieurs jobs pour joindre les deux bouts. Et les gens trouvent ça normal ici. Autre exemple plein de concrétude, j'ai une note de $ 1070 (payée par l'assurance, merci mon Dieu) pour une visite à domicile d'un médecin alors que j'avais une méga crève cette semaine. Et les gens trouvent ça normal ici. Alors qu'en France, j'aurais payé dans les 5 $ de tiers payant et basta... ça c'est un truc qu'ils ne disent pas dans les séries que sans argent, tu fais rien aux Etats-Unis. Et puis ya rien à faire quand t'en parles avec eux, c'est ancré ce principe débile de liberté à l'extrême et cette idée simpliste que tout le monde peut y arriver. C'est clair que j'ai croisé pas mal de potentiels Rockfeller dans les quartiers blacks pauvres d'Atlanta... qui pensent-ils tromper, hein ? L'idée d'égalité des chances a encore très peu de crédit ici, et ce climat du struggle for life, et ben, euh, très peu pour moi.
Montre-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es...
Ma très grande expérience de la vie fait que j'ai tout plein de théories foireuses sur le monde et les gens en général. La plus célèbre restant quand même le théorème du bocal à cornichons, brillant, mais un peu difficile à développer ici. Laissez-moi par contre développer ma dernière observation : plus la température descend, plus le comportement de l'individu de base se rapproche de celui de la marmotte commune. Il semble que les symptômes présentés par les patients consistent en une tendance à rester des heures sous la couette associée à une frénésie quasi-maladive du stockage de nourriture dans l'attente des beaux jours.
Un lundi soir sur 2, Molly nous amène donc en voiture faire des courses au shopping mall du coin. Et l'idée est de reconstruire les réserves brûlées dans la dernière quinzaine.
Pour vous montrer à quel point certains individus sont plus représentatifs que d'autres de cette observation pétrifiante, mais aussi de quelle manière, amis marketteux, la personnalité du clientus congelatus s'exprime dans ses achats, je vous propose un petit jeu. Voilà 3 placards. Devinez à qui est quoi sachant que :
1) Lucie est en ce moment sous perfusion de soupe de légumes et a banni de son alimentation toute calorie superflue. Précisons que Lucie a relativement confiance en l'avenir, elle achète peu et régulièrement.
2) Camille, moins optimiste, semble avoir peur de manquer. "je stocke, et après le dernier mois je vis sur mes réserves" comme elle dit. Camille n'a pas beaucoup grossi au premier semestre, elle se permet donc des Cookies Chips Ahoy !.
3) La blonde a une alimentation binaire, faite de pâtes et de café. Elle aimerait avoir autant que Camille, mais elle a un placard à sa taille. C'est à dire petit.
California Dreaming : Acte 1.
La scène est à Chestnut Hill, Massachusetts. Un living room, décoration blanche, sobre, type URSS post-Stalinienne, un ban de 4 dindasses entassées sur un canapé un Samedi soir. Il est question d'un voyage en Californie :
(Dans un soucis d'anonymat, les prénoms ont été remplacés par des noms de codes indéchiffrables...)
La ptite Kuhn : ...oh les filles, hier, j'étais complètement morte, je suis tombée comme une mouche...
Lutie Moutin : bon, alors pour le trajet on a plusieurs possibilités, la question ensuite c'est est-ce qu'on loue une bagnole, ou est-ce qu'on prend des Greyhounds de Las Vegas à LA...
La CamiLe : Alors en bus c'est grosso modo 80 $ par personne, pour la voiture c'est autour de 100 $
Lutie Moutin : donc c'est plus intéressant de prendre le bus... (ndlr : on divise les frais par 4 quand on prend la voiture, cqfd)
La CamiLe : j'ai trouvé un site de location de voiture pour les moins de 25 ans, ça s'appelle wreck.com... ça veut pas dire épaves d'ailleurs wreck...??
La blonde à deux phalanges : c'est clair que ça revient cher le transport de toute manière...
Lutie Moutin : ba sinon on pourrait louer un camping-car... Fabichoo par exemple, il part souvent en roulotte, euh, en caravane...
La ptite Kuhn : et sinon, à part la côte, ça serait sympa de se faire quelques parcs nationaux... ça vous dit Yellow-mite??
La blonde à deux phalanges : Fait chier les parcs nationaux, je suis une citadine moi... !
La CamiLe : dites, vous voulez vraiment faire le Grand Canyon ? (alors que c'est elle qui fait du pressing depuis 4 mois pour qu'on aille cramer au 3e degré au milieu des serpents minutes au fin fond de l'Arizona...)
Lutie Moutin : bon, ben moi je suis crevée là, on se fait une prochaine réunion demain...?
non, on est pas encore cheveux au vent dans notre décapotable sur la Route 66...
Georgia on my mind...
Petit post rapide pour dire plein de choses... d'abord : la Géorgie, c'est comme l'aviron, c'est sympa. Parce que quand on est parties à chez Emmanuelle à Atlanta, avec CamiLe, on avait quand même pas mal de préjugés de Nordistes vis-à-vis de ce far away Sud, bourré de Républicains sécessionistes buveurs de Coca. Alors, oui, c'est vrai, c'est quand même pas terriblement développé sur le plan culturel, si l'on excepte le fait qu'Atlanta est toute fière d'avoir, en plus de son aéroport géant - faut prendre le métro d'un terminal à l'autre, pour vous dire -, le plus grand drive-in du monde. Un détail comme ça, ça vous pose une ville, nan? Ceci dit, si l'on fait abstraction de l'autoroute 2 x 7 voies qui traverse la "Coca Cola City" sur toute sa longueur, Atlanta est loin d'être la ville sans intérêt qu'on nous avait décrite. Le quartier de Martin Luther King, noir et très pauvre (le quartier, pas Martin), n'a vraiment pas son équivalent dans notre richissime Boston, le parc olympique et sa fameuse statue de Pierre de Coubertin, le macho eugéniste (lui et moi on a un problème, ça remonte à un mémoire d'histoire), le CNN building, le seul parc des USA où l'herbe est jaune, le campus de Georgia Tech et son dining hall à volonté... fin, on a bien trouvé de quoi s'occuper, et CamiLe a fait son quota de photos.
Après avoir failli passer une nuit à l'aéroport (dommage, ça reste un de mes rêves...), le retour dans le froid de Boston a été un peu difficile. Heureusement, un voyage en avion avec CamiLe est toujours plein de surprises.
Début des cours, mardi dernier. On attend la neige, et on rencontre les "nouveaux" étrangers, en se la jouant un peu "nous on est dans la place depuis longtemps, oui? une agence immobilière incompétente ? T'as qu'à aller chez Great Places... Les courses? Ecoute, moi, ce que je te conseille, c'est d'aller chez Shaws...". Un peu de mal à coller au credo "Go and socialize again" pour le moment, mais j'y travaille.
Allez, je retourne écouter Luis Mariano...
"Koo-koo-ka-choo, Mrs Robinson..."
Les Bee Gees ont dit un jour : "Feel I'm goin' back to Massachusetts, Something's tellin' me I must go home". Vous avez 4 heures.
Non, en vrai, de retour à Boston depuis quelques jours où j'ai retrouvé la CamiLe et pris possession de ma nouvelle chambre dans des conditions de pression et de température pas très optimales. La neige en moins, mais le huis clos oppressant bien palpable, j'ai eu un peu l'impression les premiers jours de vivre dans un remake de Shining. Enfermée dans une grande maison vide avec une CamiLe qui n'avait pas parlé à un être vivant francophone depuis 2 jours, je vous laisse imaginer l'angoisse... Mais n'écoutant que ma "bravitude" (Ségolène, si tu nous regardes...), je commence à m'accommoder à cette situation et même à me faire à l'idée que je vais partager mon quotidien avec ce "grand corps malade". Lucie, reviens vite !!
Au programme de cette semaine de remise en forme avant l'assaut de la rentrée : déménagement de tout mon bordel, courses à Shaws, soirée Friends - corn flakes sous ma double couette, discussions à intérêt excessivement variable, débat sur les paroles de Mrs Robinson (elle fait Simon, je suis Garfunkel) : est-ce que c'est sur les Kennedy? qui est Joe DiMaggio? et... visite de musées, s'il vous plaît. (et peut-être un petit week-end en Géorgie chez Emmanuelle...)